Cats. Andrew Lloyd Webber.

Musical.

Theater an der Wien, Wien.

Radio Suisse Romande, Espace 2, Musimag, mi-avril 1986.

 

 

(Musik)

 

Voilà comme le hasard joue: Aujourd'hui, où je veux vous parler de "Cats", je trouve dans mon quotidien une annonce qui remplit toute la page et qui vous vend des vacances pas comme les autres; ce sont des vacances qui promettent l'aventure, la liberté, l'individualisme. Et quelle est l'illustration qui vous fait rêver d'aventure, de liberté et d'individualisme? Ce n'est pas une plage en Grèce, ce n'est pas un sommet au Grisons, non, ce sont trois acteurs de "Cats" en pleine action.

 

(Musik)

 

Notez que "Cats" n'a rien à faire avec les vacances. Mais il semblerait que même chez nous, en Suisse Alémanique, chacun connaisse le musical d' Andrew Lloyd Webber, ce musical incroyable qui marche depuis trois ans déjà à Vienne et qui en est devenu le symbole, avec la cathédrale et la grande roue. "Cats", pour le monde allemand, n'est donc pas seulement un musical, c'est aussi le synonyme d'un des plus grands succès du théâtre lyrique que l'époque ait connu. Peter Weck, directeur du théâtre:

 

(Wort)

 

L'histoire du succès de "Cats" commence par la nomination de Peter Weck comme directeur du "Theater an der Wien" il y a quelque cinq ans. Peter Weck était auparavant acteur et metteur en scène au Schauspielhaus de Zurich, puis à part cet engagement, il a fait beaucoup de télévision. C'est ce travail qui l'a rendu célèbre, et puisqu'il est viennois d'origine, la capitale l'a appelé pour mener les affaires d'un des plus anciens théâtres de Vienne, où, par exemple, "Fidelio" de Beethoven a eu sa création mondiale. Aujourd'hui, le théâtre s'est spécialisé dans le musical, et Peter Weck a respecté cette tradition en choisissant "Cats" pour inaugurer sa direction.

 

(Musik)

 

Le succès que "Cats" a trouvé dès la première est inattendu, certes, mais mérité. Peter Weck a engagé l'équipe de la création mondiale pour venir travailler à Vienne. Et il a cherché ses acteurs dans le monde entier. Car chez nous, on ne peut pas acquérir la formation pour ce type de théâtre. Pour boucher cette lacune, Peter Weck a entretemps ouvert une école de musical qui est affiliée au "Theater an der Wien".

 

(Wort)

 

Ici, les jeunes européens peuvent apprendre tout ce qui est nécessaire pour braver la concurrence américaine. Et en créant cette école, Peter Weck n'a plus à craindre le reproche de ne pas engager assez d'autrichiens, puisqu'il leur donne la chance de s'approcher du niveau international.

 

(Musik)

(Wort)

 

Dès la première, "Cats" a trouvé un écho inouï. Il est à l'affiche huit fois par semaine, dans un théâtre de 1100 places qui, bien entendu, joue à guichets fermés. Depuis trois ans déjà. Les demandes de réservation sont tellement nombreuses que Weck pourra donner son musical encore jusqu'en juin 87 sans se faire de soucis. Aujourd'hui déjà, il faut attendre six mois pour trouver une place. Et "Cats" est devenu un facteur important pour le tourisme.

 

(Wort)

 

Des congrès internationaux ont choisi Vienne parce que la ville leur offrait des places pour "Cats". Les agences de voyage se sont emparées du marché, et elles vendent d'avantage d'arrangements de séjour grâce à la garantie de faire entrer les touristes dans le "Theater an der Wien".

 

(Musik)

 

Malgré que les affaires marchent à merveille, Peter Weck n'est pas tout à fait heureux. Car au fond, il est resté homme de théâtre, et pour lui, créer une nouvelle pièce est beaucoup plus intéressant que de gérer une entreprise qui marche d'elle-même. Il est déterminé de ne plus prolonger "Cats" au-delà de juin 87, car sans cela, sa direction s'achèverait sans qu'il ait pu monter une deuxième production. Et Weck voudrait prouver que le succès de "Cats" n'était pas seulement un coup de chance.

 

(Wort)

 

Mais voilà, une fois que vous êtes à la hauteur du succès, les jaloux se font remarquer. Une vérité que Peter Weck connaît à fond.

 

(Wort)

 

On commence à lui faire des reproches. On dit que son théâtre néglige de présenter la gamme des musicals contemporains. Et c'est vrai, puisqu'il ne peut pas cesser de jouer "Cats" sans fâcher les 170'000 personnes qui ont commandé un billet. Et malgré que cent pour cent des places soient occupées chaque soir, le théâtre a toujours besoin de subventions. Cela aussi, on le reproche à Peter Weck. Mais que voulez-vous que je fasse, explique-t-il. Depuis que nous jouons "Cats" en suite, nous avons trop de techniciens. Mais nous ne pouvons pas les licencier, parce que ce sont des fonctionnaires publics et que le théâtre appartient à la ville de Vienne. Sinon, il y longtemps que nous ferions du bénéfice. Evidemment, nous pourrions augmenter les prix d'entrée. Mais que ferions-nous, si le prochain spectacle aurait moins de succès? Avec deux cent places supplémentaires, le théâtre sortirait du déficit, mais malheureusement, ces deux cent places ne sont pas à disposition. Le théâtre est donc condamné à rester dans le rouge, et Peter Weck est condamné à se défendre contre ceux qui lui reprochent d'avoir du succès.

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